Prenant comme point de départ deux expositions au Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) du 16 février au 14 mai 2017 – Emanuel Licha : Et maintenant regardez cette machine et Teresa Margolles : Mundos, les activités du projet Topographies de la violence de masse portent sur les phénomènes de violence de masse, et sur la façon dont ceux-ci sont intrinsèquement liés aux territoires et aux lieux où ils sont perpétrés mais aussi aux dispositifs spatiaux et architecturaux qui les médiatisent. Le programme inclut la 11e édition du Colloque International Max et Iris Stern au MAC, et des activités de rayonnement additionnelles se tiennent en amont et en aval de cet événement, en partenariat avec plusieurs groupes et institutions culturelles et universitaires.
La violence de masse se définit comme une violence produite par un État ou un groupe organisé contre certains membres d’une population ou une population au complet (habitants d’un pays, membres d’une communauté ethnique, religieuse, sexuelle). Elle englobe des phénomènes qui peuvent aller de quelques dizaines à plusieurs centaines de milliers de victimes : fusillades, actes terroristes, féminicides, conflits armés, racisme institutionnel, génocides. Les changements climatiques – qui sont issus de décisions politiques de gestion du territoire, et qui sont souvent étroitement liés aux conflits – sont aussi pour les populations civiles une source de violences à grande échelle.
Le programme des activités regroupe des spécialistes appartenant à diverses disciplines (historiens de l’art, de l’architecture et de l’urbanisme, du cinéma et des médias, architectes, cinéastes, artistes et commissaires d’exposition, activistes) qui abordent l’ensemble de ces phénomènes pour réfléchir aux façons de les penser au-delà des représentations qui en sont traditionnellement faites par les médias. Leurs contributions permettent notamment d’imaginer comment l’analyse de certains objets spatiaux issus de l’architecture, de l’urbanisme, ou des tactiques militaires, autorise une meilleure compréhension de ces formes de violence. Elles permettent aussi d’envisager la place que peuvent occuper certaines pratiques artistiques dans les discussions entourant ces phénomènes.
Les activités proposées agissent sur différents registres en permettant une diversification des points de vue – notamment culturels, géographiques et disciplinaires – adoptés sur ces phénomènes. Les activités se déploient au sein du colloque, mais aussi dans le cadre d’un programme d’activités incluant des journées d’études inter-universitaires, des séances de projection de films, la lecture du rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, l’organisation de visites commentées au MAC avec des publics ciblés, et des publications.
Ce programme offre au grand public de nouveaux outils, notamment d’ordre sensible, pour appréhender les questions de violences de masse, localement et globalement. Il encourage aussi les étudiant.es à développer des méthodes de recherche multidisciplinaires pour appréhender ces enjeux complexes. Il crée enfin des ponts entre la recherche en arts et en sciences humaines et des publics locaux, notamment autochtones et issus de l’immigration, provenant de contextes culturels où sévit la violence de masse.
Crédit image: Teresa Margolles, Irrigación [Irrigation], 2010. Monobande vidéo, projection (sur support Blu-ray), couleur, son, 34 min 12 s. Photo de documentation : Teresa Margolles, avec l’aimable permission de l’artiste et de la Galerie Peter Kilchmann, Zurich.